Semaine #5 – comment j’en suis arrivé là

Cette semaine, nous entrons dans le vif du sujet, il va falloir se lancer dans l’écriture de votre texte. Pour ça, je vous propose une technique, souvent utilisée pour lancer une histoire ou bien une scène, la technique du comment j’en suis arrivé là.

Bon, ce n’est pas une vraie technique décrite par les manuels ni par la théorie littéraire, c’est juste le nom que je donne à une façon de commencer, qui permet de lancer un récit in media res (dans l’action) et de travailler un peu la narration.

Vous commencez par mettre votre personnage dans une situation intéressante, amusante, terrifiante (selon vos goûts) puis vous évoquez comment le personnage s’est retrouvé dans sa situation.

Ce n’est pas exactement un flashback car vous pouvez mêler ces souvenirs rétrospectifs au récit de l’action.

Exemple, forgé pour l’occasion :

« Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! »

C’est tout ce que je trouvai à crier alors que le gamin qui venait de me faucher le carnet s’enfuyait dans les galeries du centre commercial. Puis je m’élançai à sa poursuite avec plusieurs secondes de retard.

On m’avait tendu un piège : j’avais reçu un appel à quinze heures, j’avais cru reconnaître la voix de Mimi. Je n’étais pas réveillé et je m’étais assis sans méfiance à la terrasse du café Rigoletto...

Le gosse me distançait, me baladait dans le centre commercial. Sans le carnet j’étais fichu ! Je devais absolument le rattraper !

J’avais attendu une dizaine de minutes sans m’en faire, guettant vaguement Mimi tout en zonant sur mon téléphone. Et j’avais fait l’erreur de garder le carnet sur moi. Le serveur m’avait embrouillé la tête avec ses histoires de cafés spéciaux et le gosse en avait profité pour s’approcher par derrière et fouiller la poche de ma veste.

Il déboucha sur la gare routière, il avait plus de souffle que moi et à partir de maintenant n’importe pouvait surgir en voiture et l’embarquer…  Mais il percuta soudain une mère de famille dont le sac de courses se renversa en faisant rouler des oranges partout. Je poussai ma chance, accélérai, je serais bientôt sur lui.

Le serveur était complice, évidemment ! J’aurais pu me contenter de l’attraper et ça m’aurait permis de remonter tout le réseau !

Notez l’usage des temps grammaticaux pour dire quelle phrase se situe à quel niveau du récit : passé simple pour la poursuite, plus-que-parfait pour les scènes rétrospectives.

Exercice

Ecrivez un passage, au moins dix lignes, de votre récit à venir (le début, par exemple) en utilisant la technique ci-dessus. Prenez ça comme un échauffement pour votre futur effort d’écriture !

Lecture

Lisez et partagez, même technique que d’habitude, un commencement de roman, de nouvelle, que vous aimez. Le texte n’est pas obligé de suivre le schéma vu plus haut, il doit principalement vous plaire.

Tenez, je vous colle un de mes débuts préférés. Qui (re)connaît ? (sans google)

Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité́ de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été́ destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité́ d’un nouvel obscurantisme.

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